Où suis je ? Pourquoi m'a t'on enfermée? Depuis plus d'une heure, j’essaye en vain de sortir de la cage. Aucune issue. J'ai gratté le sol, retourné le bac à litière, renversé le bol d'eau et les croquettes, passé mes pattes à travers les barreaux...
Je suis épuisée, j'ai tellement peur.
Hier encore j'étais libre. Née dehors, je vivais sur un terrain vague avec mes frères et sœurs, ma maman et d'autres copains chats. Une gentille dame venait tous les jours nous apporter à manger. Parfois elle arrivait avec une étrange petite cage verte, une trappe, ces jours là elle mettait du thon dedans et un chaton gourmand était attrapé.
Mes quatre plus jeunes frères et sœurs ont ainsi disparus.
Quand elle venait, la gentille dame me parlait. Elle me racontait que les chatons étaient chez elle, qu'elle les soignait de la teigne et du coryza, qu'ils commençaient à ronronner. Elle me disait des mots tendres et m'appelait Belle Petite Poilue.
Dès que je l'entendais arriver, je m'approchais et la regardais remplir les gamelles en toute confiance.
Hier, je suis entrée dans la trappe. Mon enfer a commencé.
La gentille dame n'avait pas de place pour m'accueillir, je suis partie chez une autre" famille d'accueil".
A mon arrivée, j'étais très effrayée, les odeurs très fortes, les chiens qui aboyaient....
ELLE m'a regardée et à dit: " elle est jolie avec ses poils mi longs, un peu apeurée mais pas agressive, je vais la caser facilement".
Terrorisée j'ai passé le reste de la journée sans bouger, à observer autour de moi. Il y a beaucoup d'autres cages remplies de chats. Que font ils là ?
Le soir, quand les lumières se sont éteintes et qu'il n'y avait plus de bruit, j'ai pleuré, j'ai appelé, personne ne m'a répondu, personne n'est venu me voir.
J'ai le cœur lourd, je n'ai pas envie de manger.
Aujourd'hui mardi, ELLE m'a conduite chez le vétérinaire. La vétérinaire a dit que j'étais une belle minette de 5/6 mois en forme, elle m'a vaccinée.
Ce soir, je ne me sens pas très bien, peut être le vaccin. Je n'ai pas faim.
Mercredi 17 septembre, 20 heures.
Ce matin, ELLE est venue près de ma cage, elle a nettoyé le bazar que j'avais mis pendant la nuit en mélangeant litière, eau et croquettes. Elle m'a remis des croquettes et de l'eau.
J'ai vraiment très peur, je suis toujours couchée en sphinx, les pupilles dilatées.
Ce soir je ne mange pas, j'ai l'estomac noué, les croquettes ne m' intéressent pas.
Vendredi 19 septembre.
Cinq jours que je suis là. Je me sens mal. Je ne mange pas, je ne bois pas, je ne fais plus pipi et caca depuis plusieurs jours. J'attends.
ELLE s'approche parfois de moi et dit: " Tu vas bien manger un jour, un chat ne se laisse jamais mourir de faim".
Que sait elle de mon effroi ? Toutes ces odeurs et ces bruits que je connais pas me tétanisent.
J'ai envie de la chaleur du soleil, du vent qui ébouriffe mes poils, de l'humidité de l'herbe au petit matin qui mouille mes coussinets.
La nuit arrive, je n'ai plus la force de me battre contre les barreaux en plastique de la cage.
Mardi 23 septembre.
Je suis toujours prostrée, je n'ai plus de force. Je n'ai rien mangé ni bu depuis longtemps.
Je ne peux plus bouger, trop faible, trop fatiguée.
Mes yeux sont fermés, mes paupières sont trop lourdes, je suis épuisée.
ELLE m'a remis dans une boite et m'a conduit chez le vétérinaire.
J'ai entendu: " anorexie, abattement, puis hypothermie, déshydratation sévère, pas de signe de maladie, pronostic vital engagé".
J'ai senti des mains doucement me toucher, me caresser. Enfin !
J'ai senti la douce chaleur d'une bouillotte contre mon corps, la perfusion passée sous ma peau.
J'entendais des voix au loin:
"La minette s'est laissée mourir de faim, il n'y a donc aucun contrôle dans cette association"..
"Non, ELLE est libre, ELLE fait ce qu'ELLE veut".
Je suis trop fatiguée, c'est trop tard, doucement je m'endors.
Mardi 23 septembre 2014, dans un petit village de l'Essonne.
Je suis enfin libre, je suis morte.
J'ai fait un rêve....
On m'a dit que les humains ont fait des textes de loi pour reconnaître que, nous les animaux, nous étions des êtres sensibles.
Dans les refuges, la personne au contact des animaux doit posséder un certificat de capacité attestant de ses connaissances relatives à nos besoins biologiques, physiologiques et comportementaux.
Là où j'étais, ELLE n'a rien vu, rien compris à mon désespoir.
Oui un chat peut se laisser mourir de faim.
Oui c'est possible de le sauver et de l'aider quand le stress l’empêche de se nourrir seul. Demandez à Bambou !!!
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